Le changement climatique représente un défit planétaire auquel sont confrontées toutes les sociétés et qui focalise toutes les attentions. Pour quantifier les efforts effectués dans le cadre de la lutte contre l’effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2 ) a été pris comme référence. Ce choix provient du fait que ce gaz est un bon indicateur de la consommation d’énergie (toute combustion produit du CO2). Les efforts portent donc sur la diminution des rejets de CO2 dans l’atmosphère. Les publicités vantant les performances des émissions de CO2 des véhicules en sont le parfait exemple.

Encore faut-il savoir que la diminution de gaz à effet de serre (GES) ne s’accompagne pas d’une réduction des émissions de polluants dont les oxydes d’azote, les particules … qui sont à l’origine des niveaux de pollution que l’on mesure dans nos zones urbanisées.

Cet exemple montre bien la complexité de la démarche de réduction des émissions d’une part des gaz à effet de serre (pollution globale) et d’autre part de l’émission des gaz polluants que l’on retrouve dans nos villes (pollution locale). Différentes par leurs effets, les deux problématiques sont pourtant étroitement liées et certaines démarches visant à réduire les impacts de l’une peuvent augmenter les méfaits de l’autre.

Dans notre région, l’utilisation du bois comme moyen de chauffage est décriée par certains alors que d’autres prônent son utilisation. Les deux raisonnements ne sont pourtant faux ni l’un ni l’autre. Celui préconisant son utilisation se rattache aux problèmes liés à l’effet de serre, celui le décriant s’attache à la pollution locale.

Le bois présente plusieurs avantages : il est facilement accessible donc engendre peu de transport pour son acheminement (surtout dans notre région), il est renouvelable donc pratiquement inépuisable et limite la consommation d’énergies fossiles de plus en plus rares, La quantité de CO2 rejeté lors de sa combustion est compensée par la quantité de CO2 que l’arbre a utilisé lors de sa croissance (bilan carbone quasiment nul), il permet de développer l’économie locale …

Par contre, sa combustion est à l’origine de l’émission de nombreux polluants tels que les particules, les dioxines, le benzène, les hydrocarbures aromatiques polycycliques…

Dans la région Rhône-Alpes, 23% des émissions de particules fines sont dues au chauffage au bois, ce taux peut être supérieur à 50% en hiver sur le plateau du Vercors.

Il existe des solutions qui peuvent satisfaire aux deux exigences que sont la lutte contre l’effet de serre et la diminution de l’émission des polluants.

Au niveau collectif (municipalités, copropriétés, …), des nouvelles technologies permettent aujourd’hui de réduire les émissions liées à la combustion du bois. Les chaufferies collectives peuvent être équipées de filtres et les modes de combustion se sont considérablement améliorés. Ces techniques ne peuvent être rentabilisées tant du point de vue économique qu’environnemental que si la chaufferie est suffisamment importante et concernent donc tout un ensemble de bâtiments. La multiplication de petites installations rattachées à un seul bâtiment et à proscrire absolument.

Au niveau individuel, les cheminées ou inserts actuels ont des rendements nettement plus performants. Quelques recommandations peuvent être proposées :

  • Choisir un insert labellisé « flamme verte » garanti un meilleur rendement et de moindres émissions.
  • Adapter la taille de son installation aux besoins de l’habitation : lorsqu’un insert fonctionne en allure réduite, les émissions peuvent être multipliées par un facteur de 2 à 3 (voire 6 à 7).
  • Choisir un combustible performant :

– Il existe des bois labellisés. Utilisez-le de préférence. Le bois présenté sous forme de granulé émet moins de polluants.
– Utilisez du bois sec : les émissions de polluants sont multipliées par un facteur de 2 à 4 entre du bois sec et du bois humide.
– Le brûlage de bois de récupération peut présenter de réelles nuisances (le bois traité favorise la production de dioxines).

Le choix du bois comme combustible pour lutter contre l’effet de serre semble donc être un bon compromis s’il est utilisé dans de bonnes conditions. Il offre en plus la possibilité, d’un retour en arrière. En effet, dans le cadre des différentes actions qui sont proposées pour lutter contre l’effet de serre, il est important de privilégier des solutions réversibles ne compromettant pas l’avenir et c’est bien l’objet de ce qu’on appelle le Développement Durable.

Jacques Dechenaux