… pourtant quand on repart du salon de l’économie sociale et solidaire Yess qui a lieu ce week-end à Grenoble, cela semble la seule solution pour sauver la planète. La plupart des solutions proposées pour consommer autrement, moins polluer, mieux partager sont en effet en rupture totale avec notre mode de vie actuel et nous entrainent dans des délires extravagants.
N’en déduisez pas que je suis réfractaire au changement et que je ne suis pas sensibilisé à la nécessité de faire évoluer nos pratiques pour limiter notre consommation à ce que la planète est capable de produire. N’en déduisez pas que je n’ai pas compris que les émissions de CO² nous mettent en danger à moyen terme. Mais en proposant des solutions extravagantes, nos doux dingues discréditent la démarche de protection de l’environnement en la mettant hors de portée des citoyens comme vous et moi.
Aller, je vous propose un petit tour au pays de l’utopie :
- Remplacez votre traditionnelle cuisinière électrique ou à gaz par un cuiseur solaire. En 3 heures, vous pouvez obtenir un parfait petit plat mijoté… s’il fait beau.
- Pour vous prochaines réunions professionnelles, vous pourrez expérimenter la salle de conférence construite en palettes et en pneus.
- Votre mobilier sera maintenant en carton.
- En souvenir des 3 petits cochons et du grand méchant loup, vous pourrez construire votre maison en paille ou en briques de terre… voire même en branches avec de la terre mélangée à de la paille.
- Vous pourrez consommer de l’électricité « écologique » vendue par une société qui ne produit pas le moindre kWh d’électricité (elle se contente d’en acheter et de prendre sa marge au passage). Avec elle vous pourrez construire votre propre éolienne.
- … et cerise sur le gâteau, vous pourrez tester « ma cabane au fond du jardin » avec les toilettes sèches !
Sur ce salon, nos doux dingues sont capables d’expliquer aux pays en voie de développement comment ils doivent se développer en harmonie avec la nature, en économisant les ressources, avec des solutions qui ne s’appliquent qu’à eux. Quant à nous, amusons nous à construire des éoliennes avec de vieilles bouteilles en plastique pour sauver les apparences !
Ce salon est bien évidement sponsorisé par quelques grands institutionnels qui se lancent dans le « greenwahsing » sans la moindre honte.
Finalement, avec cette démonstration d’écologie utopiste, les irresponsables ne sont pas seulement ceux qui sont montrés du doigt pour leur consommation effrénée !
Lisez l’article de Sophie « éco-responsable modérée mais non indifférente » :
http://www.canalblog.com/cf/fe/tb/?…
S’il est important de pointer du doigt des dysfonctionnements et d’alerter, il est beaucoup plus difficile de savoir proposer des solutions pertinentes. On rencontre ce problème dans beaucoup de domaines 😉
Ici, c’est dommage que les solutions soient tellement loin des contraintes du quotidien du quidam lambda, ou complètement à la masse vis à vis des pays en voie de développement : cela discrédite complètement la pensée écolo et peut décourager les bonnes volontés.
Sur ce sujet, plutôt que de grandes annonces extravagantes et comme tu le dis, souvent inaccessibles pour le commun des mortels, je pense que ce qui est à la portée de tous et donc à promouvoir, ce sont essentiellement les comportements ponctuant quotidiennement nos journées. Acheter en générant le moins de déchets possibles, savoir se laver les dents sans utiliser pour cela 15l d’eau etc…
Et que ceux qui prônent certaines choses montrent leur honnêteté pour être crédible. Par exemple si l’on est contre un projet d’autoroute ne pas la prendre ensuite si elle se fait quand même.